Le Bandit, vous y êtes allés 1 fois, 50 fois ou plus ... pour assister à un concert ou à une soirée, pour boire un verre, pour d’autres raisons (avouables ou non, il y a prescription) ...
On vous invite dans cette rubrique à rédiger 1 ligne, 50 lignes ou plus ... pour en faire le récit, pour évoquer quelques anecdotes ...
Pour contacter l’équipe de rédaction : jean_luc.billing@libertysurf.fr
Christophe KARCHER (1) :
« C'est au hasard d'une recherche de photos à propos d'un
concert au Studio 80 que je suis tombé sur votre page.
Et son lot de souvenirs, dont certains tellement enfoui que je me demande où ils sont passés depuis si longtemps. Et ils ne demandaient qu'à ressortir, au hasard de visage, de noms, de prénoms, d'événements dont certains sont mentionnés ici et d'autres plus personnels, ont grandement participé à ce j'ai pu devenir et ce que j'ai pu faire après avoir quitté Strasbourg fin 85. Genre super constitutif cette période, entre 78 et 85. Impossible de dissocier les lieux d'un tout. Qui allait du bandit au magasin dont je m'occupais, au Loft, juste à côté, au Silex aussi, bien sûr, avec son étage réservé à notre premier studio radio. Et puis les noms ou visages retrouvés ici. Quasiment tous en mémoire. Parfois très loin. Mais toujours là en fait. Jean-Luc Billing, bien sûr, Christain Schall avec qui j'ai partagé des années Fustéliennes (je l'ai connu avec les cheveux longs), pti Arno qui venait si souvent les lendemains au magasin écouter quelques disques, Didier Poux, Drinks, Patrick Dupé, l'APRA (dont j'ai retrouvé la carte de Membre récemment)...Pfff et puis woaw!) Et puis évidemment les concerts. En vrac..le regard éléctrique et les yeux exorbités de Lee Brillaux, la présence incroyable de Vega, Eicher seul en scène avec ses machines, Mona Soyoc et Spatz totalement possédés, le Gun Club juste à côté, Thunders, en manteau rose, seul au milieu de la rue après son concert, il y en a eu tellement! ...que de soirées passées là bas et pas loin autour. La montée de l'escalier, le Bandit à droite et le Sauna à gauche sur le même palier, était une montée vers des moments ou entre musique et coups à boire, on allait croiser les potes. Et on était fier que ce soient nos potes qui avait réussi à faire exister cet endroit. Je suis sûr que d'autres souvenirs remonteront en lisant ou échangeant avec les uns ou les autres. Je n'ai que peu de documents photos mais j'ai ces deux là, souvenirs d'une soirée avec Kent qui en rupture de Starshoot était venu passer quelques jours chez Francky, du Mur, pour souffler. Et puis il avait donné son premier "concert" post Starshooter rue de Bouxwiller. Il y a avait chanté des trucs de Yéyés accompagné par quelques uns des acteurs locaux de la scène rock. »
Et son lot de souvenirs, dont certains tellement enfoui que je me demande où ils sont passés depuis si longtemps. Et ils ne demandaient qu'à ressortir, au hasard de visage, de noms, de prénoms, d'événements dont certains sont mentionnés ici et d'autres plus personnels, ont grandement participé à ce j'ai pu devenir et ce que j'ai pu faire après avoir quitté Strasbourg fin 85. Genre super constitutif cette période, entre 78 et 85. Impossible de dissocier les lieux d'un tout. Qui allait du bandit au magasin dont je m'occupais, au Loft, juste à côté, au Silex aussi, bien sûr, avec son étage réservé à notre premier studio radio. Et puis les noms ou visages retrouvés ici. Quasiment tous en mémoire. Parfois très loin. Mais toujours là en fait. Jean-Luc Billing, bien sûr, Christain Schall avec qui j'ai partagé des années Fustéliennes (je l'ai connu avec les cheveux longs), pti Arno qui venait si souvent les lendemains au magasin écouter quelques disques, Didier Poux, Drinks, Patrick Dupé, l'APRA (dont j'ai retrouvé la carte de Membre récemment)...Pfff et puis woaw!) Et puis évidemment les concerts. En vrac..le regard éléctrique et les yeux exorbités de Lee Brillaux, la présence incroyable de Vega, Eicher seul en scène avec ses machines, Mona Soyoc et Spatz totalement possédés, le Gun Club juste à côté, Thunders, en manteau rose, seul au milieu de la rue après son concert, il y en a eu tellement! ...que de soirées passées là bas et pas loin autour. La montée de l'escalier, le Bandit à droite et le Sauna à gauche sur le même palier, était une montée vers des moments ou entre musique et coups à boire, on allait croiser les potes. Et on était fier que ce soient nos potes qui avait réussi à faire exister cet endroit. Je suis sûr que d'autres souvenirs remonteront en lisant ou échangeant avec les uns ou les autres. Je n'ai que peu de documents photos mais j'ai ces deux là, souvenirs d'une soirée avec Kent qui en rupture de Starshoot était venu passer quelques jours chez Francky, du Mur, pour souffler. Et puis il avait donné son premier "concert" post Starshooter rue de Bouxwiller. Il y a avait chanté des trucs de Yéyés accompagné par quelques uns des acteurs locaux de la scène rock. »
Emmanuel ABELA :
« Le
Bandit, je ne sais pas combien de fois je m’y suis rendu. Ce sont mille
visages, mille images, milles couleurs, milles sons. D’autres souvenirs me
reviendront en mémoire par la suite, mais je vais tenter de poser les premiers
flashs sur le papier.
Je
n’ai pas connu la première période du Bandit.
La
première fois que je m’y rends, dès l’entrée j’assiste à une scène
étrange : la salle est plongée dans le noir ; sur les écrans des
moniteurs placés en haut de la structure centrale, on y projette un film. Sur
le moment, je n’identifie pas Eraserhead de David Lynch, mais je
découvre médusé la scène du poulet dégoulinant au four. Je cherche des repères,
sans savoir où me rendre dans une salle aux contours obscurs. Et puis là, dans
un nuage de fumée, un groupe de jeunes gens batcave : garçons et filles
aux cheveux crêpés, les yeux fortement eye-linés, croix ostensiblement
inversées et mines blafardes de circonstance.
Je
ne me sens pas très rassuré, même si j’ai l’habitude de croiser cette faune
plutôt docile, balayant de ses mains la piste de danse du Loft voisin. Au fond,
je distingue un autre groupe, plus punk et de l’autre côté quelques skins. Je
me dis que tout ce beau monde ne fait pas bon ménage, et comme je ne présente
guère de signes distinctifs me rattachant à l’une ou l’autre de ces tribus modernes
– je suis vaguement habillé de noir –, je me retrouve triplement
suspect. Donc, triplement en danger. En définitive, les choses se passent
plutôt bien, les gaillards préférant se toiser allègrement plutôt que d’en
venir aux mains. Ouf !
Je
ressors du lieu sans avoir la conviction d’y retourner. Je constate que je n’ai
pas eu de chance : pas de musique, une obscurité inquiétante, une ambiance
assassine et la projection d’un film venu d’ailleurs. Je me souviens juste d’un
sentiment de fascination incertain pour ce lieu singulier, underground comme je
ne l’aurais jamais espéré, et ces figures que je serai bientôt amené à
recroiser.
Je
donnerais cher en revanche pour me souvenir des gens qui m’accompagnaient ce
soir-là dans ce périple initiatique menaçant : une amie peut-être, sorte
de Siouxsie parisienne, avec qui je me suis retrouvé en terminale au lycée des
Pontonniers, et qui avait pour fait de gloire la possession d’une K7
compilation de groupes post-punks parisiens dont un qui s’appelait Treblinka
– ma première interview, rue des Rosiers à Paris quelques semaines plus
tard – et d’avoir vu, ô chance éternelle, les Smiths lors d’une première
apparition sur une scène parisienne. Elle s’appelle Sophie, je pense que c’est
bien elle qui m’y a entraîné, mais je ne pourrais guère le garantir.
*
J’y
retourne cependant bien vite. J’intègre le lieu dans mes parcours nocturnes,
comme une évidence. Parmi les souvenirs plus précis, une photo circulant encore
sur les réseaux atteste de la tenue d’un événement : une soirée hommage à
Lennon, le 8 décembre 1985. Ce jour-là, je m’y rends avec mon ami de lycée,
Bruno C., animateur radio à RBS et grand amateur de rock. Au programme, M &
les Maudits, les Innocents, les Désaxés, entre autres, dans une soirée qui me
semble plus engageante.
Je
finis par me sentir familier du lieu, qui devient mon deuxième lieu. J’y file
parfois après mon émission de radio le soir vers minuit. Ainsi, j’assiste à la
fin du concert de Passion Fodder de mon idole Theo Hakola qui reprend, ô
bonheur, Je cherche une drogue qui ne fait pas mal d’Orchestre Rouge,
son groupe précédent. Je me faufile, et me retrouve devant la scène : un
emplacement que je finis par m’attribuer spontanément. Le lendemain matin, j’ai
philo à 8h, c’est bien le seul cours auquel j’assiste avec assiduité, quelle
que soit l’heure du coucher, la veille.
*
Dès
lors, au Bandit, je m’y sens chez moi : il m’arrive de prendre la place du
DJ, le temps d’un remplacement ou dans le cadre d’une soirée thématique. J’y
passe les titres en vogue avec la certitude de vivre avec mon temps : les
derniers maxis fraîchement parvenus d’Angleterre, ceux qu’on diffuse avec joie
sur les ondes, en ces temps de radio presque libre.
De
cette cabine, je découvre qu’on a accès à l’arrière de la scène par un couloir
parallèle à la salle. Je m’y fais toper un jour de strip-tease féminin. Ben
oui, quoi, je suis aux platines, à l’autre bout de la salle, je ne vois
rien ; je me dis que je peux assister à un court instant d’effeuillage
pendant la durée d’un long morceau que je viens de caler – Bela
Lugosi’s Dead de Bauhaus, et ses quelques 9 mn ? – ; je me
retrouve aux premières loges sur le côté de la scène et là le manager de la
jeune fille blonde et gironde me tape à l’épaule : « Et toi,
qu’est-ce que tu fous là ? » Et moi, avec une assurance
sur-jouée : « Ben, je suis le DJ ! » Après un « dégage ! »
sans appel, je repars, la queue entre les jambes, rejoindre la cabine que j’ai
délaissée. La situation me fait rire, bien longtemps après. Presque une scène
de cinéma…
Dans
le même ordre d’idée, j’ai participé à un défilé en… caleçons ! Un
soir, il manque un mannequin dans le cadre d’une soirée mode. Stéphane R.,
autre ami de lycée, à la fois DJ et quasi-intendant du lieu, me demande si je
veux bien défiler. À la clé, le caleçon porté. Je lui réponds que je suis
d’accord et en moins de temps que pour le dire, je me retrouve à l’avant de la
scène montée pour l’occasion, en caleçon, avec une veste sur les épaules. Comme
les filles crient généreusement : « À poil ! »,
je me défais de la veste et la balance dans le public. Je n’allais pas le faire
avec le caleçon, puisqu’il m’était destiné ! Et là, se pointe
l’organisateur – le propriétaire d’un magasin à Strasbourg sans
doute – qui vocifère parce qu’il doit courir après sa veste à 300 francs.
Je fais mine de m’excuser, mais je n’en ai cure. L’objectif est atteint :
j’ai mon beau caleçon à fleurs !
*
Les
semaines passent, les concerts s’enchaînent, la routine s’installe selon un
rituel clairement établi : rendez-vous informel avec les amis au
Montmartre dont Jean-Luc B., petit passage à la fnac pour récupérer les imports
soigneusement réservés dans un bac moins prisé – c’est fou le nombre de disques
post-punk qu’on retrouvait dans le bac Abba ! –, un détour parfois
par JSB sous la gare, un disquaire qui avait identifié un joli filon
d’importation et puis on filait au vernissage de l’exposition du jour jouer les
pique-assiettes, avant de nous rendre au Babouin, rue du Faubourg-de-Pierre
jusque plus tard dans la soirée. Puis, arrivée tardive au Bandit. Les concerts
y démarrent généralement tard, après minuit.
Parfois
le buzz nait au courant de la journée. Je me souviens du premier concert de
Jazz Butcher, avec David J, bassiste de Bauhaus. Dans l’après-midi, chacun
arbore fièrement un LP sous le bras, comme s’il détient un secret. Le groupe
est méconnu, mais il suscite une étrange fascination. Séduit par la pochette,
j’avais acheté le premier album Bath of Bacon, tout en me demandant ce
qu’un groupe pareil pouvait produire sur scène. Le bouche-à-oreille aidant,
nous sommes plusieurs centaines à accueillir le groupe au Bandit le soir même,
dans une ambiance très festive. Le concert, parmi les plus enthousiasmants
auxquels j’ai pu assister, se termine dans une joyeuse foire avec une version à
rallonge d’une chanson du groupe, La mer – « La mer va dedans / la
dedans va dehors / les petits poissons habitent la mer », puis une
histoire d’éléphants se rendant dans « la mer, parce qu’il est bien
joli » –, en français dans le texte. Pat “Fish”, sans doute galvanisé
par l’ambiance, prolonge le plaisir indéfiniment pour un public ravi : ils
sont une dizaine à l’arrière de la scène avec des casseroles et des ustensiles
en tout genre pour rythmer les nombreux rappels.
Avec
Bruno C. et Stéphane R., nous improvisons une interview en loge à l’issue du
concert. Je me souviens de l’extrême courtoisie, très britannique, du
personnage. De manière informelle, nous parlons musique. Je me souviens qu’il
nous prévient de l’arrivée d’un artiste incroyable, Robyn Hitchcock... Pendant
qu’il nous dit cela, j’assiste, interloqué, à l’entreprise de séduction d’une
groupie – très belle fille – qui, juste à côté de nous, branche sans
ménagement l’un des musiciens anglais. Il répond à son invitation, se lève et
la suit… Du haut de mes maigres 18 ans, je peux l’avouer : la scène me
trouble. Quelques mois plus tard, une fille brune à qui je suis très attaché
« disparaît » dans les mêmes conditions, embarquant l’ex-Starshooter
Kent. À mon grand désespoir, bien sûr. Mais ça, c’est une autre histoire...
*
Durant
ces quelques mois, un public fidèle se constitue, encouragé en cela par la
programmation de RBS, alors magistralement dirigée par Richard M. : il
suffit d’une étincelle ou une simple annonce radiophonique pour que tous les
adeptes du lieu se montrent au rendez-vous. Ainsi, c’est le cas de M & les
Maudits pour un concert mémorable ou des Legendary Pink Dots qui trouvent à
Strasbourg un port d’attache et un public acquis à sa cause très psychédélique.
De même pour Danielle Dax, une artiste britannique sous-estimée qui,
merveilleusement fardée, nous livre un set rock enlevé et tendrement sexy. On
danse sur son dernier maxi, Yummer Yummer Man, un bref hit indie ou sur
les rythmes tribaux de Bed Caves, charmés par les ritournelles
envoutantes de cette grande dame aux cheveux d’or.
Souvent,
je me trouve au pied de la scène, généralement sur la droite ou juste en face,
pour ne rien manquer. Ainsi, avec Mathieu M. du fanzine colmarien Bela
Lugosi, nous jetons un coup d’œil furtif à la set-list du duo Jad Wio juste
devant nous. Sur une simple injonction, on indique à ceux de derrière que sur
la reprise You’re Gonna Miss Me du 13th Floor Elevator, nous passerons
en mode pogo. Dès les premières mesures, nous nous jetons dans tous les sens,
dans une ambiance punk endiablée.
C’est
le cas également, lors de ce concert mémorable des Béruriers Noirs – un
dimanche ! Oh, je ne peux pas dire que je sois un fan du groupe, mais ce à
quoi j’assiste cette fois-là est tout à fait dément. Ce soir-là, le Bandit
pourrait doubler, voire tripler sa jauge ; il y a autant de gens dans la
salle qu’à l’extérieur ! Ça pousse dedans, ça pousse dehors. Moi je me
hisse péniblement sur l’un des mobiliers et du haut de mon promontoire de
fortune j’assiste à des scènes presque inquiétantes : une vague continue
part de gauche à droite et d’avant en arrière, emportant tout sur son passage.
Sur scène, les deux choristes munis d’un masque de cochon sorti tout droit d’un
cauchemar de Shining miment des gestes obscènes, fascinantes de
perversité. Je n’en perds pas une miette... C’est le chaos ! Mais nul
d’entre nous n’a envie de résister à l’appel d’une telle sauvagerie. On se
laisse donc entraîner, hurlant, trépidant, tapant des mains et des poings, dans
un avant-goût de l’enfer. Un grand moment. Pour les avoir revus, l’année
suivante, à la Salle des Fêtes de Schiltigheim, je peux garantir que le
folklore Béruriers est né du succès. Le concert du Bandit ne présentait rien de
l’ordre du gimmick ; c’était la quintessence même du punk dans ce qu’il
peut présenter de plus dévastateur.
De
la même manière, j’assiste plus inquiet au show de Skinny Puppy, dans le
cadre d’une soirée industrielle – pour laquelle on avait annoncé la
présence de Severed Head. Le final du groupe se résume à un simulacre de
bagarre entre musiciens avec bris de bouteille et visages en sang. Bêtement,
j’y crois, catastrophé, avant qu’on ne me rassure sur l’état de santé de
chacun. C’est drôle, mais des années plus tard, alors que je suis disquaire,
des gamins tardivement gothiques se partagent des images devant le comptoir
comme s’il s’agissait de reliques sacrées. Intrigué, je tente d’apercevoir ce
que c’est : des photos du concert de Skinny Puppy au Bandit ! Quand
je leur dis que j’y ai assisté, ils se retournent incrédules. « Hey,
lui ! » Et quand je me désigne à l’image sur l’une des photos,
devant la scène, je lis dans leur regard une forme d’admiration qui ne dit pas
son nom. Je croule sous les questions. Mais comment ? Et quoi ? Que faisiez-vous
là ?, etc. Du coup, je leur parle longuement du Bandit, de l’ambiance, des
concerts, cinq ou six ans après la fermeture du lieu. C’est plaisant, mais ça
me fiche un sacré coup de vieux.
*
Le
Bandit, c’est aussi ma rencontre avec l’art. Un soir, des artistes performent
partout dans la salle : Christophe Meyer, Daniel Depoutot, Etienne
Ayçoberry, le fils de mon professeur d’histoire contemporaine à la fac
– entretemps j’ai réussi mon Bac. L’un d’eux produit en direct des dessins
primitivistes qu’il vend à l’arrachée, 5 francs, 10 francs, selon le format. Je
me souviens d’un grand gaillard, très rock, au visage émacié avec une voix
grave. Devant moi, il esquisse au pinceau un petit personnage – une sorte
d’homme des cavernes naïfs – en train de courir. Et alors que je ne m’y
attends pas du tout, il change de pinceau, le plonge dans du rouge et lui
rajoute un cœur entre les mains, celui sans doute qu’il court offrir à son
amie. Immédiatement, je suis séduit par cette image qui vient de naître sous mes
yeux. Je crie : « À moi, à moi, à moi ! » Avec
calme, le peintre tempère mon ardeur, et me dit : « Ne t’inquiète
pas, tu l’auras. Laisse-le sécher. » Il tamponne la date : le 30
décembre 1986. Ce soir-là, nous repartons tous avec notre dessin – Jean
Luc B. a le sien, avec une fille et un chien, si je me souviens bien – et
avec cette étrange conviction que le dessin dont nous avons fait l’acquisition
a été réalisé spécialement pour chacun d’entre nous. Le nom du peintre :
Lionel Petithory. Depuis cette époque, je lui reste attaché ; le dessin
n’a jamais cessé d’orner mes murs, comme un grigri éternel, en présence
d’autres œuvres de plus grand format.
*
L’un
de mes derniers souvenirs, c’est une soirée de lancement. Nous dirions
« release party » aujourd’hui. Le groupe strasbourgeois Kat Onoma y
présente son premier maxi 45T, Beggar’s Law chez Attitude.
Personnellement, je ne connais pas le groupe. Mais j’ai la consigne, aux
platines, de jouer régulièrement les quatre titres de cet EP inaugural. Est-ce
la contrainte imposée, mais je me souviens de résister un peu à ce que
j’entends. Je cherche naturellement à trouver dans la vaste discothèque du
Bandit de quoi enchaîner avec ce que j’entends, mais comme c’est très différent
des sons de l’époque, je me hasarde du côté de Tuxedomoon, des choses à la
marge qui flirtent entre jazz et post-punk. Nous sommes en 1986, les choses
évoluent vite et je ne me rends pas bien compte que j’assiste à un petit
événement historique : les débuts discographiques de Kat Onoma ! Je distingue
dans la salle la taille longiligne de Rodolphe Burger, habillé de cuir, et lui
attribue une classe naturelle, sans m’y attarder davantage...
*
Malheureusement,
le Bandit ferme. Nous nous retrouvons orphelins, brutalement. Durement. Sans
salle équivalente jusqu’à l’ouverture de la Salamandre quelques années plus
tard. Et finalement, la Laiterie en 1994. Comme à chaque fois, en pareil cas,
on mesure le manque provoqué par la disparition d’un lieu, mais on ne mesure
pas complètement ce que ce manque génère en nous. Pour moi, c’était la fin
d’une forme d’adolescence – j’ai 20 ans au moment de sa fermeture en 1987 –
sans pour autant me plonger dans l’âge adulte. Beaucoup de gens que j’y ai
croisés ont fini par disparaître, certains malheureusement pour de bon,
d’autres sont partis sous d’autres horizons. Nulle nostalgie cependant, mais le
sentiment d’un foisonnement et peut-être d’une spontanéité, comme je
n’allais plus en rencontrer. Je crois que 10 ans après, lors d’un concert de
Pavement à la Laiterie en 1997, je retrouve un peu de cet esprit-là : avec
une nouvelle génération de jeunes gens, la liberté s’affiche au grand
jour ; ni code ni barrière, juste le plaisir d’être là ! En pleine
explosion des sens. »
Hubert DIYAN :
« C’est lors d’une
recherche nostalgique comme cela arrive souvent à nos âges que je suis
tombé sur ton devoir de mémoire au travers de ton blog.
J’ai encore des pièces médias à verser à cette contribution de la mémoire musicale de ce lieu-culte de notre jeunesse : le concert de Legendary Pink Dots et la perf de Charvolin en video-8mm qui traînent dans ma cave depuis 35 ans (mais il faut espérer que le temps n’a pas détérioré les videos).
Et des photos du concert d’Alan Vega ci-jointes.
Hubert Diyan alias Ubu (ex Dustbeans, Zayus, Tribo 2) ».
Hervé PETIT :
« Le Bandit ? De grands moments de découvertes de groupes qu'on ne pouvait applaudir nulle part ailleurs. Le point de convergence des fêtards, curieux, créateurs de vie à Strasbourg. Un lieu interlope animé par la vivacité des esprits qui s'y côtoyaient ... »
Christophe MEYER (1) :
J’ai encore des pièces médias à verser à cette contribution de la mémoire musicale de ce lieu-culte de notre jeunesse : le concert de Legendary Pink Dots et la perf de Charvolin en video-8mm qui traînent dans ma cave depuis 35 ans (mais il faut espérer que le temps n’a pas détérioré les videos).
Et des photos du concert d’Alan Vega ci-jointes.
Hubert Diyan alias Ubu (ex Dustbeans, Zayus, Tribo 2) ».
Hervé PETIT :
« Le Bandit ? De grands moments de découvertes de groupes qu'on ne pouvait applaudir nulle part ailleurs. Le point de convergence des fêtards, curieux, créateurs de vie à Strasbourg. Un lieu interlope animé par la vivacité des esprits qui s'y côtoyaient ... »
Christophe MEYER (1) :
« Je me souviens très bien du concert de
Vega, chauffé au rouge, petit nerveux incandescent qui s’était fait insulter et
huer, certains dans le public réclamant du rock. En ce temps là, à Strasbourg,
il n’y avait pas que cette partie du public du Bandit qui ne pigeait rien à
rien. »
Laurence BARONDEAU :
« Bravo pour la documentation !
Il faudrait créditer les créateurs, en particulier celui des illustrations / tracts / fanzine / logo d'époque présentés ici, l'illustre illustrateur Didier RINALDI alias le grand GRANDBLAIR ! »
« Je
me souviens d’un concert des Dogs où j’étais allé avec une poupée
Barbie en poche, modèle d’une série de dessins, poche d’où ellle
s’était extraite pour danser sur la scène aux pieds des micros et comme
j’étais tout devant face à Dominique Laboubée celui-ci l’avait prise
pour la serrer contre son micro, chanter avec elle deux morceaux, et
l’utiliser comme une sorte de bottleneck, malheureusement, le souvenir
de ces morceaux m’échappe, il me semble que l’un de ces morceaux était
l’approprié Most forgotten french boy, mais je n’y mettrais pas ma main à
couper... Je les ai vus plusieurs fois, dont peut-être deux fois au
Bandit, mais jamais avec une telle proximité. J’ai vraiment beaucoup
aimé ce groupe. »
Je
me souviens aussi des bonnes gueules de Stéphane et de Lucky, le duo de
portier . Que sont ils devenus? Et JoJo le frangin,le plus effacé, peut
être un peu oublié dans la fratrie . Je le vois encore de son œil
pétillant me ramener mon gin tonic . On picolait sec . Comment avons
nous fait pour pas nous casser la nuque dans les escaliers !! »
Christophe MEYER (3) :
Christophe MEYER (3) :
« Je
me souviens avoir reçu deux fois, chaque fois à ma grande surprise, une
sorte de prix ou de distinction, un Bandit d’Or, j’ai eu dans mes
ateliers successifs ces récompenses, une sorte de petite tête d’un
bonhomme à nez en frite avec un masque collé sur une plaquette en bois.
Un jour, lors de portes ouvertes à l’atelier de la Coop, elles ont
disparues du rebord de la fenêtre d’où, couvertes de poussière de
sciures, elle me regardaient fabriquer mes châssis. »
Eric T. LURICK :
« Ma mémoire me joue des tours. Qui étions-nous allé voir au Hall Tivoli en ce début de l'année 1983 ? Les Stranglers ? Ou bien mon subconscient cherche-t-il à enfouir un nom complètement inavouable ? Peu importe finalement...
Dans la foule uniforme qui innonde la rue après le concert - les cheveux mi-longs, le treillis militaire, le jean délavé et les baskets Stan Smith sont encore la norme - je repère une poignée de personnes distribuant des tracts qui se distinguent de ce tout venant vestimentaire. En m'approchant je m'aperçois que je connais l'un d'entre eux. C'est Didier. Il me tend un tract et me recommande vivement de venir faire un tour dans le club rock qu'il vient d'ouvrir avec ses amis en me promettant que je ne le regretterais pas. Moi qui croyais que le peu de vie rock à Strasbourg avait lieu dans une zone restreinte qui part du Wacken, entre le Hall Tivoli et le Hall Rhenus, jusqu'au Palais des Fêtes. Mes amis et moi-même lui promettont de venir.
Le vendredi suivant nous voilà au 22 rue de Bouxwiller devant le Bandit, à l'heure dite, à gravir l'escalier aussi raide que interminable. Quelqu'un nous ouvre la porte sans dire un mot - je comprendrais plus tard pourquoi – nous payons et nous voilà enfin dans le Saint des Saints. Au fond une petite scène, à gauche le bar, à droite, dans un recoin, une petite cabine de DJ, quelques fauteuils. Ce qui me frappe le plus se sont ces gros bidons disposés ça et là dans ce lieu complètement vide.
Car nous sommes seuls ! Dans le doute, l'un de nous sort le tract de sa poche pour vérifier la date et l'heure. C'est bien le bon jour et il est bien 21 heures ! Un peu inquiets nous décidons de nous diriger vers le bar lorsque quatre punks sortent de la pénombre et nous toisent de haut en bas la moue aux lèvres. Il faut dire que l'un de mes amis porte encore les cheveux longs et une barbe. Probablement un reliquat de ses années passées à écouter du krautrock ! Je connais l'un de ces punks qui fait mine de rien et je me dis que cela sera suffisant pour éviter une rixe éventuelle (ou une coupe de douille express). Pour nous donner de la prestance nous commandons une bière et attendons patiemment.
Après quelques verres l'endroit s'est peu à peu rempli et le groupe monte sur scène. Nous ne les connaissons pas - ce qui sera finalement assez souvent le cas en allant au Bandit. Ils viennent de Mulhouse et s'appellent Russian Roulette. D'emblée je sais que ça va me plaire. Un batteur, une bassiste et deux guitaristes au look sans équivoque. Entre Johnny Thunders et Stiv Bators. La couleur est donnée ! Durant l'intro le chanteur bondit sur scène et... comment dire... le contraste avec le reste de la bande est saisissant. Perfecto, tartan et iroquois énorme. J'ai l'impression de voir les Heartbreakers avec un membre de Exploited qui s'est égaré là et qui en profite pour squatter le micro en jubilant ! Le concert se termine avec une reprise de "Gloria" pendant laquelle le chanteur déverse sur les pogoteurs le contenu de boîtes de lait en poudre... Gloria.
Nous voilà conquis. Ou convertis. A partir de ce moment je vais vraiment avoir du mal à assister à un concert dans une salle de plus grande capacité. Le prochain au même endroit ? Les Désaxés. Et nous savons maintenant qu'il ne faut pas tenir compte des horaires annoncés ! »
« Ma mémoire me joue des tours. Qui étions-nous allé voir au Hall Tivoli en ce début de l'année 1983 ? Les Stranglers ? Ou bien mon subconscient cherche-t-il à enfouir un nom complètement inavouable ? Peu importe finalement...
Dans la foule uniforme qui innonde la rue après le concert - les cheveux mi-longs, le treillis militaire, le jean délavé et les baskets Stan Smith sont encore la norme - je repère une poignée de personnes distribuant des tracts qui se distinguent de ce tout venant vestimentaire. En m'approchant je m'aperçois que je connais l'un d'entre eux. C'est Didier. Il me tend un tract et me recommande vivement de venir faire un tour dans le club rock qu'il vient d'ouvrir avec ses amis en me promettant que je ne le regretterais pas. Moi qui croyais que le peu de vie rock à Strasbourg avait lieu dans une zone restreinte qui part du Wacken, entre le Hall Tivoli et le Hall Rhenus, jusqu'au Palais des Fêtes. Mes amis et moi-même lui promettont de venir.
Le vendredi suivant nous voilà au 22 rue de Bouxwiller devant le Bandit, à l'heure dite, à gravir l'escalier aussi raide que interminable. Quelqu'un nous ouvre la porte sans dire un mot - je comprendrais plus tard pourquoi – nous payons et nous voilà enfin dans le Saint des Saints. Au fond une petite scène, à gauche le bar, à droite, dans un recoin, une petite cabine de DJ, quelques fauteuils. Ce qui me frappe le plus se sont ces gros bidons disposés ça et là dans ce lieu complètement vide.
Car nous sommes seuls ! Dans le doute, l'un de nous sort le tract de sa poche pour vérifier la date et l'heure. C'est bien le bon jour et il est bien 21 heures ! Un peu inquiets nous décidons de nous diriger vers le bar lorsque quatre punks sortent de la pénombre et nous toisent de haut en bas la moue aux lèvres. Il faut dire que l'un de mes amis porte encore les cheveux longs et une barbe. Probablement un reliquat de ses années passées à écouter du krautrock ! Je connais l'un de ces punks qui fait mine de rien et je me dis que cela sera suffisant pour éviter une rixe éventuelle (ou une coupe de douille express). Pour nous donner de la prestance nous commandons une bière et attendons patiemment.
Après quelques verres l'endroit s'est peu à peu rempli et le groupe monte sur scène. Nous ne les connaissons pas - ce qui sera finalement assez souvent le cas en allant au Bandit. Ils viennent de Mulhouse et s'appellent Russian Roulette. D'emblée je sais que ça va me plaire. Un batteur, une bassiste et deux guitaristes au look sans équivoque. Entre Johnny Thunders et Stiv Bators. La couleur est donnée ! Durant l'intro le chanteur bondit sur scène et... comment dire... le contraste avec le reste de la bande est saisissant. Perfecto, tartan et iroquois énorme. J'ai l'impression de voir les Heartbreakers avec un membre de Exploited qui s'est égaré là et qui en profite pour squatter le micro en jubilant ! Le concert se termine avec une reprise de "Gloria" pendant laquelle le chanteur déverse sur les pogoteurs le contenu de boîtes de lait en poudre... Gloria.
Nous voilà conquis. Ou convertis. A partir de ce moment je vais vraiment avoir du mal à assister à un concert dans une salle de plus grande capacité. Le prochain au même endroit ? Les Désaxés. Et nous savons maintenant qu'il ne faut pas tenir compte des horaires annoncés ! »
Christophe KARCHER (2):
« A la séparation de Starshooter, Kent était venu séjourner quelques jours chez Francky, le chanteur du Mur, qui était roadie de Starshooter et copain avec lui.
« A la séparation de Starshooter, Kent était venu séjourner quelques jours chez Francky, le chanteur du Mur, qui était roadie de Starshooter et copain avec lui.
Et il me semble bien que le premier concert post Starshooter
de Kent a eu lieu au Bandit, avec un combo constitué de quelques piliers de la
scène rock Strasbourgeoise de l’époque (Didier Poux et Christian Schall étaient
de la partie je crois...de mémoire). Un concert dont la set list était composée
de reprises, de standards. Je me souviens de covers de Jacques Dutronc et d’un
“Noir c’est noir” (il n’y a plus d’espoir) costaud.
Kent était joyeux, et avait traversé la salle au sprint en plein milieu du show.
Kent était joyeux, et avait traversé la salle au sprint en plein milieu du show.
Et sinon, il me reste beaucoup d’images en
mémoire de tous les concerts que j’ai vu la bas.
Une de celles dont je parle souvent, c’est celle du chanteur de Dr Feelgood, Lee Brillaux juste devant moi, à gauche de la scène pendant une partie solo du guitariste, les yeux fiévreux d’intensité, exorbités presque, ruisselant de sueur. Toute l’intensité du bonhomme ! »
Une de celles dont je parle souvent, c’est celle du chanteur de Dr Feelgood, Lee Brillaux juste devant moi, à gauche de la scène pendant une partie solo du guitariste, les yeux fiévreux d’intensité, exorbités presque, ruisselant de sueur. Toute l’intensité du bonhomme ! »
Pascal HOLTZER (ALESIA COSMOS et CAPITAL FUNK):
« 1983 ? 30 ans... la mémoire ne remonte pas si loin ! C'est ma première réaction. Et pourtant, je sens que ça s'agite, pousse et rue tout au fond du grenier, quelque part entre le cortex préfrontal et l'hippocampe se forment des images de Peugeot 504, de Simca 1100, et la tête de Pierre Mauroy à la télé, ça y est, ça commence à circuler dans les réseaux neuronaux...
« 1983 ? 30 ans... la mémoire ne remonte pas si loin ! C'est ma première réaction. Et pourtant, je sens que ça s'agite, pousse et rue tout au fond du grenier, quelque part entre le cortex préfrontal et l'hippocampe se forment des images de Peugeot 504, de Simca 1100, et la tête de Pierre Mauroy à la télé, ça y est, ça commence à circuler dans les réseaux neuronaux...
Je m'aventure, dépoussière et trouve quelques vieux trucs sinistres de cette année-là : la disparition de Tennesse Williams, l'avènement de Margaret Thatcher ; une bonne nouvelle aussi : l'incarcération de Klaus Barbie, « le boucher de Lyon ». Et plus loin, sous une photo de ma première Strato (noire), War, le deuxième album de U2 et la VHS de Thriller de Michael Jackson.
Mes narines frémissent et mes connexions synaptiques grésillent, je sens que je m'approche...
Et tout-à-coup, le voilà : le Bandit. Je me laisse glisser le long de la voie ferrée sans crier gare et, telle la vache contemplative, laisse rouler les wagons de souvenirs.
C'est d'abord un fatras de sons, d'images et de sensations. Je me dis que je n'y arriverai pas. J'inspire, tente de faire résonner un La 440 dans la posture du lotus, et me laisse faire. Et ça explose, c'est la Foire du Trône sous acide. Tout se mélange. Arno avec Dr Feelgood ? Je rêve ! Arno ? Oui, ça me revient, mais avec TC Matic ! Et Dr Feelgood, dire que j'avais oublié... Et, toujours en première classe, arrivent Kas Product, Alan Vega, Jad Wio. Les potes de Kat Onoma, aussi.
Et subitement, le fait d'évoquer ceux-là me fait exploser à la figure que j'y ai joué avec 2 de mes groupes, la même année, en 85. Le plus drôle dans l'histoire, c'est que ces 2 formations ne jouaient pas du rock, pas au sens strict, en tous cas : ALESIA COSMOS (en trio à l'époque, avec Marie-Berthe Servier et Bruno de Chénerilles) pratiquait un cocktail (hallucinant pour les uns, cauchemardesque pour les autres) de free-rock mâtiné d'electro avant l'heure et de bidouillages électro-acoustiques accouplés avec les folles impros vocales de la chanteuse (wow, j'ai réussi à en parler, à l'époque, j'avais du mal...). Et CAPITAL FUNK (avec le même Bruno de Chénerilles, Ismaïl Safwan, Etienne Jesel et le fameux Roland qui jouait avec tout le monde à l'époque... une boîte à rythmes en guise de batteur, signe des temps) qui jouait du funk dans la lignée de ceux qu'on aimait à l'époque : Prince Charles, Was Not Was, Nona Hendryx, War ou Parliament. Curieusement, je me souviens très mal de ces concerts. On a joué beaucoup cette année-là.
Du Bandit, il me reste le souvenir de l'état dans lequel j'y allais. Le quartier, d'abord : une zone d'entrepôts en activité ou non, des bâtiments patibulaires qui s'alignaient mystérieusement comme autant de menaces pour le petit bourgeois qui considérait le rock comme un truc dangereux pour sa voiture, sa femme et ses enfants. Par temps maussade, c'était splendide, un vrai décor de film de bandits. Quand on pénétrait dans cette zone, on se transformait immanquablement en outlaw, prêt à en découdre avec les décibels, et éventuellement avec le petit bourgeois sus-cité. J'ai peu de souvenirs de l'architecture intérieure du lieu (30 ans quand même !), mais il me reste celui des groupes qui m'ont allumé avec la plus grande flamme qui soit : le rock.
« Le rock est la foutue meilleure drogue du monde » (Angus Young). »
Francis LEIBENGUTH (1) :
« Ah ! Les Soirées de l’APRA ! Une fois par semaine, le jeudi je
crois, l’Association pour la Promotion du Rock en Alsace organisait un
concert gratuit au Bandit, avec en vedette un groupe « local » (comprenez :
groupe alsacien qui n’était encore jamais sorti de son garage). Je me souviens
d’un groupe baba cool où les spectateurs étaient assis par terre, d’un groupe
punk plutôt pas mal (Redrum), mais le grand moment fut pour moi la prestation de
Golgotha, groupe strasbourgeois de hard rock qui ne nous épargna aucun cliché :
l’arrivée des musiciens sur « Ainsi parlait Zarathoustra », les fumigènes et les
gros pétards, le guitariste avec le pantalon collant à rayures verticales (très
à la mode chez les hardos dans les années 80), spécialiste des soli hyper
techniques qui n’en finissent plus, le headbanging évidemment, etc. Mais le
meilleur (ou le pire, c’est selon) fut l’arrivée sur scène du chanteur après un
premier morceau instrumental : cheveux longs, barbe, habillé dans une espèce de
costume 2 pièces blanc style oriental sans doute acheté à Pier Import, avec une
croix celtique ou quelque chose de ce genre autour du cou (je vous rappelle le
nom du groupe : Golgotha, vous voyez la référence ?). Bref, du grand spectacle !
Il salue la foule, vient serrer les mains des spectateurs du premier rang (sans
doute les fans de son quartier), et, l’intro du deuxième morceau terminée, il se
met alors à chanter… Euh… Bon. Comment décrire son « style vocal » ? Je dirais
quelque chose entre un Jimmy Sommerville sous amphet et un Christian Vander sous
acide, bref une voix suraigüe avec laquelle il essaie de vocaliser, et tout cela
avec le plus grand sérieux bien sûr. Un grand moment de « non sense » que
n’auraient sans doute pas renié les Monty Python, sauf qu’ici, c’était du
premier degré. Les premières minutes de fascination passées (oui oui, je dis
bien fascination, c’est vous dire l’effet visuel et auditif de cette scène), et
après avoir bien rigolé pendant quelques temps, je suis sorti discuter avec les
potes, mais j’ai eu la chance de revenir juste au moment du slow (parce que,
vous voyez, les hardos, sous le cuir et les clous, ce sont quand même de grands
sentimentaux). Son titre : Shadows in the Night… Tous les clichés, vous
dis-je. »
Stéphane OLLIVIER :
Stéphane OLLIVIER :
« Ah le concert des Virgin Prunes... les dernières années du
groupe quand ils étaient moins expérimentaux qu'au début, mais quand même
chouette! Et le concert de Macromassa organisé avec RBS, le plus rigolo c'était
en fait le lendemain quand je suis allé chercher le pognon qui revenait à RBS
ett Christian Schall que j'avais pas revu depuis 10 ans ... Le concert des Love
& Rockets, j'étais aux toilettes, plein de bière à évacuer et un des
musicos qui me disait d'accélérer apparemment pas de WC privés pour eux! Par
contre j'y ai raté Alan Vega, je m'en veux encore ! Love & Rockets ? Ah je crois bien ... je crois avoir leur LP reçu en service de
presse par RBS. Du coup je pense aussi à Sprung Aus Den Wolken, amenés par
Gérard N'Guyen ... »
Luc SCHORDERET (1) :
« Concert Les Coronados (il y en a eu plusieurs) où la copine du bassiste avait la curieuse habitude de faire connaissance en plein "pogo" avec une partie de la gente masculine du public, en lui faisant une palpation assez marquée, d'une partie, disons très masculine là aussi, de son anatomie ! J'en ai fait les frais à plusieurs reprises : très curieux, très surprenant ! »
« Concert Les Coronados (il y en a eu plusieurs) où la copine du bassiste avait la curieuse habitude de faire connaissance en plein "pogo" avec une partie de la gente masculine du public, en lui faisant une palpation assez marquée, d'une partie, disons très masculine là aussi, de son anatomie ! J'en ai fait les frais à plusieurs reprises : très curieux, très surprenant ! »
Francis LEIBENGUTH (2) :
« Je me souviens aussi de ce concert des Washington Dead Cats. Le bassiste s'appelait Lior
et jouait en pyjama, le saxophoniste s'était fabriqué un lance-flammes
avec un aérosol et un briquet et courait derrière le chanteur pour lui
cramer sa banane, et le groupe lançait des légumes dans la foule qui les
relançait sur la scène (c'était à la sortie de leur album "Go
Vegetables Go"). Un immense bordel, et sans doute le concert le plus
drôle que j'ai jamais vu. »
Luc SCHORDERET (2) :
« Tous ceux qui l'on pratiqué se
souviennent de l'escalier particulièrement pentu qui permettait l'accès au
Bandit situé au 1er étage. Et moi plus particulièrement à l'occasion d'un concert
sans pour autant me souvenir de quel groupe il s'agissait. C’était en hiver et
la rue de Bouxwiller était bien enneigée. Arrivé un peu à la bourre et après
avoir garé ma 104 Z (le coupé) à la Starsky & Hutch, au frein à main, nous
nous précipitons dans l'escalier avec mon pote Martial, enjambant les marches 4
par 4. Mal m'en a pris, car une perte d'adhérence sur un nez de marche au
milieu de l'ascension, m’a fait redescendre illico sur le ventre tout ce que je
venais de gravir. Une soirée loose passée au bar à éponger mon menton en sang
puisqu’il avait rebondi sur chacune des marches (je ne les ai pas comptées).
Mon pote a passé la soirée à se bidonner en me disant que la scène était digne
de Tex Avery ! Quand j'ai vu ma tronche le lendemain dans une glace, je n'ai eu
aucun mal à le croire … »
Serge GREMILLET (batteur de M ET LES MAUDITS):
« Voici un souvenir assez précis du Bandit: Nous
jouions ce soir là en première partie des Fixed-Up, groupe du Havre,
mélange de rythm and blues speedé et de power pop. 3 musicos hyper
technique. Ils font la balance en premier. Les mecs nous foutent les
chocottes, en 2 temps 3 mouvements ils te balancent 2 morceaux
hyper-pro. Ils sont 3 mais j'ai l'impression qu'ils sont au moins le
double. Des techniciens, mais avec beaucoup de feeling. On n'en ramenait
pas large. On fait notre balance, avec encore le souvenir de la balance
des Fixed-Up et on est fébrile. Après, backstage, les 3 mecs de
Fixed-up ne décrochent pas un mot. Le genre de mecs qui vivent rock,
bouffent rock, boivent rock, pensent rock mais taciturnes. Ils avaient
déjà la tête dans leur concert. Leur mutisme nous a encore plus foutu
les boules. On est monté sur scène, on a fait dans notre froc et tout le
monde a mal joué, le pire set de notre vie ! Ils sont venu après et ont
réalisé leur set, du tonnerre ! Pour la ptite histoire on a terminé la
nuit chez notre bassiste. Le chanteur-guitariste a passé la nuit a
passer des disques et à boire des bières, sans dire un mot. Heureusement
les 2 autres étaient un poil plus bavard, mais guère plus. Ceci dit,
des gars sympas, quand-même. Mais parler n'était pas trop leur truc! »
Francis LEIBENGUTH (3) :
«
J'ai déjà raconté sur le blog mes souvenirs des concerts de
Golgotha et des Washington Dead Cats, mais d'autres me sont revenus depuis,
comme le concert de Sprung aus den Wolken où les musiciens étaient habillés
avec des djellabas et des serviettes éponge sur la tête, ou celui de TC Matic
où Arno était bourré au cognac mais a assuré comme une bête, et bien sûr les
inoubliables prestations du Deep's Gang avec le DJ canadien, les guards, et les
choristes Lisbeth et Carola. »
Serge SCHMITT :
« Si mes souvenirs sont exacts, je suis allé à une soirée
Molodoi, en face du Bandit, dans la partie de l’étage qui est devenu un sauna,
mais à l'époque tout le bâtiment était désaffecté; j'ai eu la chance d'y
rencontrer Spatz et Mona Soyoc de Kas Product qui ont fait un bœuf avec les
moyens du bord ... bref ... en fait à l'époque je cherchais des locaux avec le
fantasme de me faire un loft pour y habiter, très ambitieux projet mais étant
donné le salaire royal que me payait Mario comme DJ au Turckheim , je me suis
résigné à refiler le plan à Christian Schall en lui parlant d'un local dispo,
pour le Bandit … Voilà ce dont je crois me souvenir, à vérifier auprès de
Christian s'il s'en souvient, peut-être qu'un certain Dominique (Hamon) qui venait souvent et me fournissait
des K7 de Cure en live, a été témoin de tout ça, sauf qu’il est décédé depuis des
années ... RIP ... et si besoin, je te demanderais d'enrichir ce témoignage en
recoupant avec d'autres souvenirs, car je suis may be devenu un peu mytho avec
les années qui passent ... »Francis LEIBENGUTH (4) :
« Un autre souvenir, le concert des Wild Swans. Déjà au départ le public n'était pas chaud-chaud, mais en plus le retour chant était à la hauteur de la tête du chanteur. Résultat : dès qu'il se mettait à chanter, ça "larsenait" à mort, ce qui fait que le volume du chant a été tellement diminué qu'on ne l'entendait pratiquement plus. Au bout d'un moment, tous les spectateurs ont rejoint le bar (sauf un qui pogotait sur n'importe quoi), et au bout d'une 1/2 heure de concert, les musiciens ont posé leurs instruments et sont sortis de scène. Dur, dur ...»
« Je me souviens d’un concert des Washington Dead Cats quelque peu
tendu. Entre les morceaux, le chanteur agacé de jouer devant un public qu’il
devait juger pas assez nombreux, s’adressait aux spectateurs avec un ton de reproche
quasi insultant. Sauvage le matou, psychobilly mais pas très psychologue :
depuis quand les présents ont-ils tort ? »
Ziane GRINI :
« Ah le Bandit! J'y ai fait pas mal de mes premières sorties à Strasbourg à partir de 1983. Je ne me souviens pas de tout ce que j'y ai vu ou deviné à travers la fumée et mon aura éthylique... ah si, dans le genre inavouable: les débuts de Raft avant leur tube "planétaire". »
Ziane GRINI :
« Ah le Bandit! J'y ai fait pas mal de mes premières sorties à Strasbourg à partir de 1983. Je ne me souviens pas de tout ce que j'y ai vu ou deviné à travers la fumée et mon aura éthylique... ah si, dans le genre inavouable: les débuts de Raft avant leur tube "planétaire". »
Marie JOLIVET :
« Putain le bandit, rien que le nom je tripais déjà ! Et pourtant je suis parisienne et j’avais déjà fréquenté des tas d’endroits ! Mais ce lieu sombre, à la fois mystérieux et spacieux, bruyant, alternatif, tous âges confondus nous a fait vivre des soirées mémorables, en 1986 notamment, presque à la fin, le Deeps Gang, les performances, les soirées RBS organisées par Nicolas Gamelin ... et hommage à Didier Poux, star locale ... En fait le Bandit, c'était mon Bus Palladium strasbourgeois ... très, très grosse nostalgie! »
« Putain le bandit, rien que le nom je tripais déjà ! Et pourtant je suis parisienne et j’avais déjà fréquenté des tas d’endroits ! Mais ce lieu sombre, à la fois mystérieux et spacieux, bruyant, alternatif, tous âges confondus nous a fait vivre des soirées mémorables, en 1986 notamment, presque à la fin, le Deeps Gang, les performances, les soirées RBS organisées par Nicolas Gamelin ... et hommage à Didier Poux, star locale ... En fait le Bandit, c'était mon Bus Palladium strasbourgeois ... très, très grosse nostalgie! »
Serge NTEPPE :
« Après le concert des Rois
Fainéants (ex Lou's des années punk/ the Clash) qui avaient accomplis un set à
la Stax du tonnerre, on s’est retrouvé backstage Nicolas Poulolo & moi ,
bien éméchés, à nous vanter comme des gnoufs de notre nouveau groupe de
rhytm'n'blues strasbourgeois … et de leur proposer des plans de concert sur
Paris avec Elles !!!!
Sinon, le concert marquant (surtout
pour moi ) au Bandit, c’est celui d’Alan Vega...mais erreur de
"djeunesse », j'avais démarré trop fort l'après-midi en
"tout", ce qui fit que je le vis un peu "en décalé" Alan
Vega !
Il y aurait pleins d'autres choses à dire
encore … Pour le côté "être subjugué" pendant tout un concert ( l'art
de la sublimation!), je placerais de manière évidente, le concert du groupe
américain Certain General avec un Parker Dulany qui m'a littéralement
"hypnotisé" ce soir là, et c'est aussi pour ce genre de concerts que
le Bandit restera pour moi un éternel pays sans frontières, sans visas (mais
avec des visages variés) où le temps d'un concert (mais bien plus) tout était
possible sans retenue et cela avec une rage "certaine" …
Je me souviens également du concert des
Kingsnakes avec Didier Jenrenaud, c'est lui qui à l’étage du Petit Max avait
braqué une peau de fauve et l'avait balancé par la fenêtre sur leur van posté
en bas !!! Leur manager a tout réglé : la note et les embrouilles … Tout cela
s'est fini dans un hôtel miteux (très parisien du 11’ème, Republique) où j'ai
(enfin) pu tester une guitare Gretsch "nacrée" orange à échancrures … celle du Jeanrenaud … 15 minutes comme ça, juste pour jouer "à la cool, décontracté du
gland" un petit riff à la Bo Diddley ! »
Cécile COIFFARD (chanteuse de CANDIDATE):
« Un des souvenirs les plus rigolos avec Candidate, c'est un concert en 1986 à Strasbourg au Bandit. Sur un set de 15 titres, on n'a réussi à jouer qu'un seul morceau en entier, le reste s'est transformé en hystérie générale : Toutes les filles devant Bidou et tous les garçons devant moi à hurler. Moi qui étais très traqueuse sur scène, je n'avais jamais autant ri que pendant ce concert. Tout partait en vrille et plus on pataugeait, plus on était plié en 4. Inoubliable! On a fini au petit matin avec nos potes et nos fans à faire la route des vins en Alsace... Boire et conduire, ça se faisait encore à l'époque ! »
« Un des souvenirs les plus rigolos avec Candidate, c'est un concert en 1986 à Strasbourg au Bandit. Sur un set de 15 titres, on n'a réussi à jouer qu'un seul morceau en entier, le reste s'est transformé en hystérie générale : Toutes les filles devant Bidou et tous les garçons devant moi à hurler. Moi qui étais très traqueuse sur scène, je n'avais jamais autant ri que pendant ce concert. Tout partait en vrille et plus on pataugeait, plus on était plié en 4. Inoubliable! On a fini au petit matin avec nos potes et nos fans à faire la route des vins en Alsace... Boire et conduire, ça se faisait encore à l'époque ! »
Laurent HIRN (guitariste de RUPTURE):
« Etonnant retour dans le passé, heureux de nous en
rafraîchir la mémoire. »
Manolito :
« Ah ah, le Bandit (et le loft tout près), j'y ai vu quelques pointures, et j'ai aussi le souvenir d'anecdotes plus ou
moins drôles, comme le concert de Blessed Virgins, interrompu parce qu'un gros
malin s'était amusé avec sa bombe lacrymo ...
Sinon mes souvenirs sont flous, je ne sais même
plus trop qui j'ai vu là-bas lol, les Dogs aussi, Paul Personne au loft... Mes
souvenirs s'effacent au fur et à mesure ... »
Romain CREUTZMEYER :
« Mon premier happening et ma première soirée au
Bandit en 1986 !
Jeune Colmarien à 18 ans un jeudi de septembre 1985 vers 17h45 je débarque à Strasbourg censé y poursuivre mes études en Arts plastiques à la FAC… Mouais…
Certes, mais avant toutes choses après mon inscription rapide à la fac et la recherche d’un toit trouvé route du Polygone, affamé et assoiffé de rencontres, j’essaime les troquets et bouis-bouis strasbourgeois ou je fais la connaissance de quelques Zoulous de ma trempe avec qui bientôt je sympathise.
Il me faut un peu de temps, car le Colmarien est franchement déjanté et encore un tantinet agressif envers les barbares « béxers » Strasbourgeois.
Je découvre la faune Bas-Rhinoise et la vie nocturne de la capitale de basse Alsace et vu mon caractère trempé à et au blanc, les confrontations sont régulièrement teigneuses. Mais la sélection est rapide et ceux que j’ai rencontrés et avec lesquels j’ai eu plus que des mots et parfois des maux à l’époque, sont encore mes amis aujourd’hui…
Grâce à ces premiers piliers, je fais alors loin des chemins de la faculté, rapidement la connaissance de quelques fumeurs de bières, membres d’une troupe d’artistes-comédiens, saltimbanques-rêveurs sans compte et sans le sou, comme d’autres défoncés tous membres du collectif, « Trans Neuron Express » ! De loin souvent, car planant dans mes sphères peinturluresques et rarement de près, je me joins pourtant de temps en temps au groupe avec lequel j’arrive en fin de compte après plusieurs tentatives à communiquer, pour assister à des réunions artistico-culturelles…
Jusqu’au jour où un déjanté futur polytoxicomane notoire, le fameux Stuka de l’époque avec sa merde de Honda genre pseudo-sportive, membre actif et nerveux avec ses potes d’une association sise rue du Vieux Marché aux Vins me propose d’imaginer une intervention pour une soirée concert, intitulée « the Night » avec en tête d’affiche le groupe OTO !
Sitôt dit, sitôt trouvée, mais vu que cette idée supposait un minimum d’organisation et quelques deniers pour sa réalisation, j’en parle au collectif « Trans Neuron Express » dirigé par un certain Georges Lafflote qui n’en buvait pas et propose mon option de peinturlurage collectif et rigolo : Tous à poil on se court après et on se tartine de peinture au rythme de la musique !! L’idée plait, mais certaines minettes de la troupe un tantinet pudiques suggéreront l’utilisation d’artefacts en plastiques pour masquer les zizis qu’ils avaient plus petits que le mien…!
Ceci permettra la confection de costumes que nous présentons avec le concept aux responsables du Bandit. L’intervention est appréciée et acceptée illico !
Résultat, le soir du concert, après OTO, pour continuer cette soirée festive on s’est tous jeté sur la piste pour se peinturlurer et s’éclater comme des fous sur la musique des Résidents, devant un public ravi et stupéfié, qui n’en a pas perdu une goutte !
Le journaliste du coin a parlé dans son article de « prérégrinations » avec une faute d’orthographe, mais il voulait certainement parler de premières « pérégrinations aventureuses et frénétiques de sept intervenants d’un collectif expérimental Strasbourgeois, qui vêtus de combinaisons plastiques ont revisité l’univers avant-gardiste de San Francisco en s’appliquant à une performance picturale dynamique » ! Wouah !
À croire que le scribouillard avait déjà visité San Francisco, au moins dans ses rêves.
Je me souviens de certains qui ont participé à ce happening via l’article et les photos que je t’ai envoyé JL, mais depuis on s’est perdu de vue.
Au fait : Étienne, Jacques, Françoise et les autres aussi évidemment… si vous vous reconnaissez dans cette aventure, faites un coucou ! »
NDLR : les photos de la performance évoquée par Romain sont ici :
http://lebandit.blogspot.fr/2011/08/soirees-night-simple-detour.html
Jeune Colmarien à 18 ans un jeudi de septembre 1985 vers 17h45 je débarque à Strasbourg censé y poursuivre mes études en Arts plastiques à la FAC… Mouais…
Certes, mais avant toutes choses après mon inscription rapide à la fac et la recherche d’un toit trouvé route du Polygone, affamé et assoiffé de rencontres, j’essaime les troquets et bouis-bouis strasbourgeois ou je fais la connaissance de quelques Zoulous de ma trempe avec qui bientôt je sympathise.
Il me faut un peu de temps, car le Colmarien est franchement déjanté et encore un tantinet agressif envers les barbares « béxers » Strasbourgeois.
Je découvre la faune Bas-Rhinoise et la vie nocturne de la capitale de basse Alsace et vu mon caractère trempé à et au blanc, les confrontations sont régulièrement teigneuses. Mais la sélection est rapide et ceux que j’ai rencontrés et avec lesquels j’ai eu plus que des mots et parfois des maux à l’époque, sont encore mes amis aujourd’hui…
Grâce à ces premiers piliers, je fais alors loin des chemins de la faculté, rapidement la connaissance de quelques fumeurs de bières, membres d’une troupe d’artistes-comédiens, saltimbanques-rêveurs sans compte et sans le sou, comme d’autres défoncés tous membres du collectif, « Trans Neuron Express » ! De loin souvent, car planant dans mes sphères peinturluresques et rarement de près, je me joins pourtant de temps en temps au groupe avec lequel j’arrive en fin de compte après plusieurs tentatives à communiquer, pour assister à des réunions artistico-culturelles…
Jusqu’au jour où un déjanté futur polytoxicomane notoire, le fameux Stuka de l’époque avec sa merde de Honda genre pseudo-sportive, membre actif et nerveux avec ses potes d’une association sise rue du Vieux Marché aux Vins me propose d’imaginer une intervention pour une soirée concert, intitulée « the Night » avec en tête d’affiche le groupe OTO !
Sitôt dit, sitôt trouvée, mais vu que cette idée supposait un minimum d’organisation et quelques deniers pour sa réalisation, j’en parle au collectif « Trans Neuron Express » dirigé par un certain Georges Lafflote qui n’en buvait pas et propose mon option de peinturlurage collectif et rigolo : Tous à poil on se court après et on se tartine de peinture au rythme de la musique !! L’idée plait, mais certaines minettes de la troupe un tantinet pudiques suggéreront l’utilisation d’artefacts en plastiques pour masquer les zizis qu’ils avaient plus petits que le mien…!
Ceci permettra la confection de costumes que nous présentons avec le concept aux responsables du Bandit. L’intervention est appréciée et acceptée illico !
Résultat, le soir du concert, après OTO, pour continuer cette soirée festive on s’est tous jeté sur la piste pour se peinturlurer et s’éclater comme des fous sur la musique des Résidents, devant un public ravi et stupéfié, qui n’en a pas perdu une goutte !
Le journaliste du coin a parlé dans son article de « prérégrinations » avec une faute d’orthographe, mais il voulait certainement parler de premières « pérégrinations aventureuses et frénétiques de sept intervenants d’un collectif expérimental Strasbourgeois, qui vêtus de combinaisons plastiques ont revisité l’univers avant-gardiste de San Francisco en s’appliquant à une performance picturale dynamique » ! Wouah !
À croire que le scribouillard avait déjà visité San Francisco, au moins dans ses rêves.
Je me souviens de certains qui ont participé à ce happening via l’article et les photos que je t’ai envoyé JL, mais depuis on s’est perdu de vue.
Au fait : Étienne, Jacques, Françoise et les autres aussi évidemment… si vous vous reconnaissez dans cette aventure, faites un coucou ! »
NDLR : les photos de la performance évoquée par Romain sont ici :
http://lebandit.blogspot.fr/2011/08/soirees-night-simple-detour.html
Pierre Louis AOUSTON :
« Gin GORDON’S Ah! Le Bandit! Boire, boire, boire, entendre,
écouter, écouter, regarder, regarder, être dans, être là où il faut, où il faut
être à Strasbourg, un lieu qui n’existe plus heureusement, parce que mort d’une
mort violente sans une petite fin ; Strasbourg n’a plus de ces endroits où il
faut être pour être au centre du monde, au Bandit on y était, aujourd’hui
Strasbourg est de nouveau une ville de passage, loin du monde, où je vous
conseille ne pas vous arrêtez. Je ne bois plus de
gin ... »
Jeannette GREGORI :
« Le Bandit des années 85 et 86, ce sont quelques flashes qui me reviennent. Des réminiscences visuelles comme l’attroupement de jeunes gens avec des coiffures d’Iroquois bien sculptées, des perfectos noirs, le A d’anarchie qui apparaissait au dos des vestes de treillis, les cheveux décolorés des filles, leur maquillage outrancier… Les groupes comme Jazz Butcher ou Kat Onoma étaient si proches de la scène qu’on avait l’impression de partager avec eux un vrai moment d’intimité. Les filles s’éloignaient discrètement lorsque les pogos commençaient et allaient prendre un verre. Pendant une semaine au moins la qualité de la prestation scénique des musiciens allait alimenter nos conversations… Le Bandit, c’était aussi les amis qu’on retrouvait le temps d’un concert, ceux de la fac, ceux du lycée qui avaient fait le voyage depuis Metz ou Nancy. Enfin, le Bandit, c’était un formidable dérivatif dans une vie étudiante ponctuée de l’angoisse des partiels, des déjeuners régulièrement composés d’un sandwich jambon-beurre et d’un petit boulot pendant les congés scolaires comme agent de tri dans la librairie du coin… »
Eric HILD :
« Je rentre de la Région Nord à l'été 84. Région si propice à la musique, aux fêtes. La Belgique ouvre ses boîtes à Minuit et ferme avec le dernier client. Je reviens hanter mon Strasbourg natal, cette ville de ploucs, persuadé de tout connaître.........Une courte réintégration à la vie nocturne, et en janvier 85, la déflagration : ce Bandit dont on m'avait chauffé le cuir réouvre ses portes.......... Un endroit qui autorise tout. La liberté comme mot d'ordre. Toutes les expériences artistiques sont permises. En y pensant, c'est une odeur, un son, une clope, un verre, une peinture, des potes, qui apparaissent dans un brouillard teinté de découvertes incessantes. Une certaine idée de la vie, optimiste, drôle et finalement assez sage. La fête sans SIDA, chômage, ou autres actuelles épées de Damoclès. Le rire érigé en habitude : je me souviens, ému, de Lisbet et de Carola, et des « guards », dans la folie furieuse du « Deep's Gang». Notre insatiable curiosité trouvait une source : on ne s'est pas gêné pour y plonger. Je retiens du Bandit et de ces deux années (puisque je n'ai pas connu 1983 et 1984) beaucoup plus qu'un endroit où écouter des concerts : un lieu de vie, tout simplement, dans lequel une jeunesse s'épanouissait à voir et écouter des talents, certes, mais surtout en se côtoyant, en s'interpellant, en riant. Là-bas, vivaient « the young men », fous de musiques différentes, avec la notion de partage. Ils ont vieilli, oui, mais ils n'oublient pas...... »
Claude HAMM :
« Une petite annecdote, qui s'est passée vers la fin du Bandit .... Les portiers n'étaient plus là tous les jours, et lors d'une soirée "psychédélique" on nous avait demandé à mon ami Bernard et à moi si nous voulions bien nous occuper de la porte. Aussitôt demandé, aussitôt fait. Nous voila dans le rôle de portiers, avec un saladier de cocktail de la soirée ... vert fluo si je me souviens bien, et très peu de clients. L'invitation était zébrée, et il en fallait une pour entrer. Un groupe de personnes s'approche, une jolie fille en premier, mais pas d'invitation ... Et mon ami Bernard en plaisantant qui dit "pas d'invitation et pas de minijupe .... Vous n'allez pas pouvoir rentrer". Le cocktail fluo aidant, nous venions de refuser l'entrée à Niagara (que nous n'avions évidemment pas reconnu), en concert à Strasbourg, et qui étaient les invités d'honneur de la soirée. Heureusement pour nous, le président de l'APRA (Cyril PRIEUR de mémoire) faisait partie du groupe, et nous a vite rappelé qui nous avions devant nous. »
Marie-Pascale ENGELMANN :
« Il était une fois une scène mythique légendaire époustouflante. Gravée à jamais dans nos mémoires d'adulescents des années 80. On a parlé des musiciens, on a parlé de la prog. ... On a juste oublié de parler des groupies. Des fans. Des filles. Toujours prêtes à arracher le tee-shirt de Lorenzi, la casquette de Poux ou d'espérer toucher la gratte au Christian ... La bienséance me demande de me taire. Cette marée féminine là au premier rang, dans une débauche de Pento, de perfecto et de piquants capillaires ... »
A suivre ...
Jeannette GREGORI :
« Le Bandit des années 85 et 86, ce sont quelques flashes qui me reviennent. Des réminiscences visuelles comme l’attroupement de jeunes gens avec des coiffures d’Iroquois bien sculptées, des perfectos noirs, le A d’anarchie qui apparaissait au dos des vestes de treillis, les cheveux décolorés des filles, leur maquillage outrancier… Les groupes comme Jazz Butcher ou Kat Onoma étaient si proches de la scène qu’on avait l’impression de partager avec eux un vrai moment d’intimité. Les filles s’éloignaient discrètement lorsque les pogos commençaient et allaient prendre un verre. Pendant une semaine au moins la qualité de la prestation scénique des musiciens allait alimenter nos conversations… Le Bandit, c’était aussi les amis qu’on retrouvait le temps d’un concert, ceux de la fac, ceux du lycée qui avaient fait le voyage depuis Metz ou Nancy. Enfin, le Bandit, c’était un formidable dérivatif dans une vie étudiante ponctuée de l’angoisse des partiels, des déjeuners régulièrement composés d’un sandwich jambon-beurre et d’un petit boulot pendant les congés scolaires comme agent de tri dans la librairie du coin… »
Eric HILD :
« Je rentre de la Région Nord à l'été 84. Région si propice à la musique, aux fêtes. La Belgique ouvre ses boîtes à Minuit et ferme avec le dernier client. Je reviens hanter mon Strasbourg natal, cette ville de ploucs, persuadé de tout connaître.........Une courte réintégration à la vie nocturne, et en janvier 85, la déflagration : ce Bandit dont on m'avait chauffé le cuir réouvre ses portes.......... Un endroit qui autorise tout. La liberté comme mot d'ordre. Toutes les expériences artistiques sont permises. En y pensant, c'est une odeur, un son, une clope, un verre, une peinture, des potes, qui apparaissent dans un brouillard teinté de découvertes incessantes. Une certaine idée de la vie, optimiste, drôle et finalement assez sage. La fête sans SIDA, chômage, ou autres actuelles épées de Damoclès. Le rire érigé en habitude : je me souviens, ému, de Lisbet et de Carola, et des « guards », dans la folie furieuse du « Deep's Gang». Notre insatiable curiosité trouvait une source : on ne s'est pas gêné pour y plonger. Je retiens du Bandit et de ces deux années (puisque je n'ai pas connu 1983 et 1984) beaucoup plus qu'un endroit où écouter des concerts : un lieu de vie, tout simplement, dans lequel une jeunesse s'épanouissait à voir et écouter des talents, certes, mais surtout en se côtoyant, en s'interpellant, en riant. Là-bas, vivaient « the young men », fous de musiques différentes, avec la notion de partage. Ils ont vieilli, oui, mais ils n'oublient pas...... »
Claude HAMM :
« Une petite annecdote, qui s'est passée vers la fin du Bandit .... Les portiers n'étaient plus là tous les jours, et lors d'une soirée "psychédélique" on nous avait demandé à mon ami Bernard et à moi si nous voulions bien nous occuper de la porte. Aussitôt demandé, aussitôt fait. Nous voila dans le rôle de portiers, avec un saladier de cocktail de la soirée ... vert fluo si je me souviens bien, et très peu de clients. L'invitation était zébrée, et il en fallait une pour entrer. Un groupe de personnes s'approche, une jolie fille en premier, mais pas d'invitation ... Et mon ami Bernard en plaisantant qui dit "pas d'invitation et pas de minijupe .... Vous n'allez pas pouvoir rentrer". Le cocktail fluo aidant, nous venions de refuser l'entrée à Niagara (que nous n'avions évidemment pas reconnu), en concert à Strasbourg, et qui étaient les invités d'honneur de la soirée. Heureusement pour nous, le président de l'APRA (Cyril PRIEUR de mémoire) faisait partie du groupe, et nous a vite rappelé qui nous avions devant nous. »
Marie-Pascale ENGELMANN :
« Il était une fois une scène mythique légendaire époustouflante. Gravée à jamais dans nos mémoires d'adulescents des années 80. On a parlé des musiciens, on a parlé de la prog. ... On a juste oublié de parler des groupies. Des fans. Des filles. Toujours prêtes à arracher le tee-shirt de Lorenzi, la casquette de Poux ou d'espérer toucher la gratte au Christian ... La bienséance me demande de me taire. Cette marée féminine là au premier rang, dans une débauche de Pento, de perfecto et de piquants capillaires ... »
Eric Chris WAGGLE :
« Je me souviens de concerts qui m’ont marqué : Stéphan Eicher juste au sortir de Grauzone, il était seul à la guitare avec un rack de clavier à sa droite et une reprise hilarante de « Born in the USA » ré-intitulée « Born in Switzerland » and I’ve got nothing to do with the USA.
Autre souvenir de 84 et claque avec JAD WIO de Kbye et Bortek
Et puis TC MATIC qui m’ont fait aimé ARNO pour toujours.
Passion Fodder et le charisme de Théo Hakkola. »
« Je me souviens de concerts qui m’ont marqué : Stéphan Eicher juste au sortir de Grauzone, il était seul à la guitare avec un rack de clavier à sa droite et une reprise hilarante de « Born in the USA » ré-intitulée « Born in Switzerland » and I’ve got nothing to do with the USA.
Autre souvenir de 84 et claque avec JAD WIO de Kbye et Bortek
Et puis TC MATIC qui m’ont fait aimé ARNO pour toujours.
Passion Fodder et le charisme de Théo Hakkola. »
A suivre ...
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1 commentaire:
Des soirées inoubliables dans ce lieu magique avec Stéphane Eicher kas product the inmates
Et plein d'autres
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